Le canal de la barette était une rivière, disparue de nos jours qui traversée Corbie, elle fut creusée par la main de l’homme dans la période du prestige de la grande abbaye de Corbie.

Elle mesurait 1 200 toises de long soit environ 2,2 km pour 18 pieds de large soit environ 5 mètres.

 

canal barette corbie

Tracé du canal de la barette à Corbie

En rouge les ponts  – En bleu le canal de la barette

 

 

 

Cette fausse rivière prenait naissance vers la commune d’Hamelet, et se jetait, au niveau de l’actuelle rue du quai, dans la rivière de la Boulangerie.

Les bateaux naviguaient sur cette fausse rivière afin de ravitailler la ville de  Corbie, en tourbe, en bois ou toutes autres marchandises.

L’origine de son nom :

Cette fausse rivière se nommait, à l’origine, «Yaue d’Hamelet » ou eau d’Hamelet, du nom du village de sa naissance, Hamelet non loin de la Commune de Corbie.

Cette rivière pénétrait dans Corbie sous une arche des remparts qui entouraient la ville, en passant sous un pont situé près du jeu de battoir (voir sur la carte ci-dessous),  ce pont était garni d’une herse, c’est-à-dire barette, l‘eau d’Hamelet prit donc au fil du temps le nom de Canal de la Barette.

Les ponts du canal de la Barette

Il y avait 5 ponts qui enjambés ce canal de la Barette :

  • Le pont de l’arche, également nommé pont du jeu de battoir, tombé en ruine en 1816 donc démoli.

Il se situait rempart des Poissonniers. C’est de lui que vient le nom Barette.

  • Le pont Havet ou encore pont à l’herbe

Il se trouvait à hauteur de la rue du four Pérache en face de la rue Jean Moulin, c’est à dire dans la petite rue allant du parc de la mairie de Corbie au théâtre des Docks

  • Un pont en gré, nommé le pont de la Hareng(u)erie ou encore pont Perrin ou pétrin (on le trouve nommé dans un titre de 1188) ou pont de la poissonnerie.

Situé dans l’actuelle rue Marcelin Truquin, il reliait la grand’place à la rue de la porte à l’image ou de saint Albin (de nos jours rue Faidherbe).

C’est ici que les poissonniers vendaient leur pêche.

Ce pont était la séparation entre les paroisses de Saint Albin et Saint Jean l’Evangesliste.

Il fut démoli en 1824.

  • Un pont en bois, le pont de la planchette

Ce pont n’était qu’une passerelle en bois sur laquelle on passait pour aller de la rue des boucheries (rue Auguste Gindre) à l’église Saint Pierre.

On le trouve dans des titres de 1758. Il se situait au milieu de la ruelle à coté du supermarché Auchan. (rue de la planchette)

  • Le pont de saint Albin ou encore nommé pont de la tuerie.

Il était proche de l’église Saint-Albin, proche des tueries, de la rue des Boucheries

Il se trouvait face à l’actuel centre médico-social du Conseil Général à l’angle de l’actuelle rue Auguste Gindre.

Il change de nom au fil du temps pour devenir en 1513, le pont du quai et en 1546, le pont du marché.

Il était utile pour aller aux rues des boucheries, saint Firmin et du Collège (Rue Gabriel Péri).

 

ponts du canal de la barette corbie

Le moulin Brasseret situé à l’angle de l’actuelle rue Auguste Gindre et de la rue Gabrielle Péri était mu par cette rivière, il existait toujours en 1431

La pèche et le canal de la Barette

Cette rivière était riche en poisson, mais l’activité de pèche était affermée par l’abbaye à des poissonniers qui devaient :

“l’entretenir en bon état et reboucher les endroits où l’eau se perdait”.

Nous retrouvons dans les archives plusieurs baux de pêche datés de 1692, 1707, 1714 qui nous renseignent à ce sujet. Mais le contrat entre fermier et les religieux n’a pas toujours été respecté et il arrive à plusieurs reprises, comme en 1725, que les religieux menacent les fermiers de faire nettoyer le cours d’eau à leurs frais.

Le déclin

Vers le milieu du XVIIIéme siècle, les finances de la communes sont au plus bas, de même les habitants connaissement une période de misère et les ponts du canal commencent à se détériorer sévèrement.

C’est à cette période que le canal de la barette devient le sujet de graves discordes.  Le défaut d’entretien et de curage au fil des années fait que le lit de la rivière s’envase, les graviers, les immondices et les décombres s’y amoncellent.

En 1732, son débit est même réduit à néant.

Près du pont Perrin, c’est un véritable dépotoir qui s’est formé, ce dépotoir est jugé nuisible à la santé publique. Pour remédier à cet état d’abandon, la commune, soutenu par les habitants provoque plusieurs assemblées en 1732 et 1733 demandant à l’abbaye de procéder au décombrement, c’est à dire au curage,  de la rivière pour que l’eau coule comme jadis.

Ils mettent en avant les problèmes d’hygiènes et les épidémies qui en découlent:

“la ville a vu disparaître beaucoup de personnes par les maladies épidémiques, suette, fluxion de poitrine, fièvre miliaire, fièvres putrides et malignes…”

Mais ce n’est que 16 ans plus tard, en 1749, à la suite de demandes répétées, que les religieux s’engagent enfin à payer les deux tiers des travaux de curage, le reste devant être pris en charge par la ville.

En 1758 le décombrement et curement est même demandé au roi.

Projets de remise en état du canal de la barette

Premier projet

Le premier projet est un projet de remise en état des eaux, fait par le sieur BARBIER, ingénieur du roi.

Malheureusement il ne sera jamais exécuté et l’abbaye continuera à ne pas entendre les multiples réclamations faites par les habitants entre 1749 et 1752.

L’état du canal restera ainsi au détriment de tous.

Mais après 1791, une lueur d’espoir vit le jour, avec un autre projet

Deuxième projet

Il s’agit du projet du citoyen Agricola Gamounet :

Ce Corbéen ayant acheté après la période révolutionnaire l’église saint Albin pour y établir une filature mécanique, réussi à obtenir une délibération communale en sa faveur le 9 juillet 1791 sur le droit de faire à ses frais le curage du canal de la barette.

La commune lui octroya même une aide de 1 500 livres.

Le 21 avril 1793 l’usage exclusif des eaux est même accordé au citoyen Gamounet,

Il obtient également l’autorisation de démolir les ponts qui menaçaient de tomber en ruine mais à condition de les reconstruire à ses frais.

Mais encore une fois, sans jeu de mot, ce projet tomba à l’eau.

Et ainsi laissé à l’abandon, le lit de la rivière se dessécha complétement pour finir comblé peu après les années 1810 pour devenir une nouvelle rue de Corbie (voir ici)