Après la grenadière VIVIEN Véronique, continuons cette semaine de la journée de la femme avec une autre femme-soldatgrenadier

Si les femmes ont pris une part active à la défense de nos campagnes, bien souvent nous l’ignorons. Il y a peu de récit narrant les faits d’armes des femmes, mais il serait imprudent d’augurer de ce silence que la guerrière Valéricaine n’a jamais existé.

Voici un morceau de notre passé qui nous présente une femme qui était de la race des femmes-soldats, et qui risqua sa vie pour la défense de la nation.

Cette femme se prénomme Marie-Jeanne-Françoise PELLEHETTE.

Marie-Jeanne-Françoise PELLEHETTE naquit dans la SOMME (80) à Saint-Valery-sur-Somme le 28 juillet 1771, du légitime mariage le 25 octobre 1770 à SAINT VALERY S/SOMME entre  Jean-Baptiste PELLEHETTE, charpentier de navires, et de Marie-Jacqueline DESBIENDRAS.

Elle était l’ainée d’une fratrie de 4 enfants : 3 filles et 1 garçon : Marie Catherine PELLEHETTE †1773, Anne Rose PELLEHETTE 1776- et Jean Louis PELLEHETTE 1778-

On retrouve tantôt  PELHETTE ou  PELHETRE ou PELLEHETTE

 

Acte naissance Marie-Jeanne-Françoise Pellehette

Acte de naissance : paroisse Saint Martin, le 28/07/1771

 

Son père appartenait à une famille de charpentiers et de navigateurs qui paraît originaire d’Abbeville, sa mère elle était Valéricaine jusqu’aux moelles.

En effet les Desbiendras sont fixés dans cette ville depuis plus de quatre siècles. Nous trouvons ce nom de DESBIENDRAS, parmi les signataires d’une délibération communale dès le 15 avril 1601.

Sa grand-mère maternelle, Marie Jeanne TIRARD, était aussi de vieille souche locale.

Je me permets une petite parenthèse, je suis moi-même un descendant à la 8e génération d’une cousine de Marie-Jeanne-Françoise PELLEHETTE,

Les grands-parents de Marie Jeanne Françoise, c’est à dire  Louis DESBIENDRAS et sa femme Marie Jeanne TIRARD sont mes ancêtres directs à la 10eme génération

Louis DESBIENDRAS 1718-1780
&1748 Marie Jeanne TIRARD 1724-1786
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Marie Jacqueline DESBIENDRAS 1749 Marie Jeanne Agnès DESBIENDRAS 1759-1831
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Marie-Jeanne-Françoise PELLEHETTE 1771 Marie Geneviève Agnès TELLIER 1782
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Jacques Pierre DENEUX 1808-1866
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Jacques Valery DENEUX 1835-1902
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Léonie Marie DENEUX 1862-1945
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René, Alfred DENEUX 1884-1941
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Renée, Marie DENEUX 1913-1981
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Ma grand-mère paternelle
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Mon père 

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Gauthier JUMEL  

Portrait

 

 

Le 5 septembre 1792, Marie-Jeanne-Françoise PELLEHETTE, qui était décrit comme

«une grande et belle fille de 21 ans mesurant 5 pieds 5 pouces (1.66m), à la chevelure brune, aux yeux vifs, au front haut et à la figure pleine et bien faite »,

se présentait à la cathédrale d’Amiens, où deux commissaires de l’Assemblée législative recevaient les « volontaires du danger de la Patrie ».

Elle était accompagnée de son fiancé, Charles-Louis LEDENT, couvreur à Amiens, demeurant 4140 rue HOCQUET (22 ans a son mariage fils de Jean Baptiste LEDENT maitre couvreur à Amiens et Marie Madelaine BORNAUT )et frère ainé de Florimont (né en 1771) et Isidore (né en 1775)

Les deux fiancés déclarèrent d’une même voix vouloir être «tous deux enrôlés pour servir la Patrie et voler aux frontières ».

Cinq jours plus tard, le 10 septembre 1792, les deux engagés se mariaient en l’église Notre-Dame, et, aussitôt, ils faisaient «un voyage de noces forcé » mais peu banal à la frontière.

 

mariage  ledent pellehette

Acte de mariage : paroisse Notre Dame Amiens 10/09/1792

Françoise PELLEHETTE fut incorporée au 5e bataillon de la Somme du 36eme de ligne qui s’illustra à la frontière franco-belge dans la commune de Hondschoote dans le Nord.

Il est à croire qu’on ne la sépara point de son mari; le 23 octobre 1793, elle obtint un premier congé pour venir à Amiens faire ses couches.

Les impérieuses obligations de la maternité ne lui firent point tout d’abord abandonner ses devoirs patriotiques ; elle regagna bientôt son bataillon et servit dans la compagnie des grenadiers.

Elle dut quitter l’armée et revenir à Amiens, dans les derniers mois de 1794, pour les mêmes raisons que l’année précédente, et cette fois, plus heureuse, elle mettait au monde un garçon surement un futur défenseur du territoire.

Françoise PELLEHETTE servait bravement dans le rang, le fusil à la main et sac au dos.

Il ne faut donc point l’assimiler aux femmes si nombreuses qui suivaient les armées de la République au titre de vivandières, de blanchisseuses, c’était une vraie femme-soldat, parmi tous les hommes.

Épouse et mère, elle mérite moins encore d’être classée parmi «l’immense cohue des filles de joie, parmi ces courtisanes de bas étage qui énervaient les troupes et qui, par les maladies qu’elles apportaient, détruisaient, au dire de Carnot, « dix fois plus de monde que l’ennemi ».

Le capitaine LOY, biographe de notre héroïne n’omet pas de nous parler des combats dans lesquels le bataillon fut engagé, mais, comme il le fait remarquer, il est « impossible de déterminer la part exacte prise par Françoise PELLEHETTE à tous ces événements ».

Quoi qu’il en soit, une parcelle de la gloire de son bataillon doit légitimement rejaillir sur sa mémoire.

Après plusieurs années de service actif, Françoise retourna dans ses foyers pour se consacrer désormais à son devoir de mère.

Elle touchait la modique somme de 75 sols de secours par mois ; soit 25 pour elle et 25 pour chacun de ses enfants !

Malheureusement je n’ai pas plus d’informations sur notre femme soldat mis à part que :

Qu’un passeport lui fut délivré le 27 juillet 1796 pour se rendre à Paris « et autres endroits» il est mention de sa « conduite irréprochable » dans ce document.

 

Nous devons savoir gré à M. le capitaine Loy d’avoir fait revivre cette histoire dans ses écrits :

Deux femmes-soldats picardes du temps de l’épopée. — Révolution, Empire, par M. le capitaine Loy ;  Librairie et imp. militaires Edmond Dubois, 24 rue Mazarine, Paris, 1912.

Une pièce de théâtre fut également adaptée sur Françoise PELLEHETTE :

 

video pellehette

Video Théâtre Françoise PELLEHETTE