tournoi chevalier corbie 1234

Les tournois au Moyen-Age

Dès le XIéme siècle, les tournois de chevaliers deviennent courants dans tout l’Occident.

Mais c’est à partir du XIIéme siècle, qu’il y a un grand essor du tournoi, avec la fin des guerres seigneuriales.

Les tournois étaient de ces fêtes où la noblesse cherchait à étaler la magnificence de ses équipages et à signaler son adresse et sa force en faisant voir son habileté dans les exercices militaires.

Les tournois étaient appelaient écoles de valeur et de prouesse.

Tantôt les chevaliers combattaient deux à deux, tantôt en troupes qui tournoyaient dans la lice, ce qui donna le nom de tournoi, que l’on a traduit en latin par le mot torneamentum.

Malgré les ordonnances faites pour que ces jeux se passassent avec courtoisie, ils donnaient lieu à des accidents continuels.

En 1130 : au concile de Clermont d’Auvergne, le pape Innocent II interdit énergiquement la pratique du tournoi. La chevalerie française ne tient aucun compte de cette interdiction.

En  1179 : au IIIe concile du Latran, le pape Alexandre III condamne la pratique du tournoi.

Malgré la multiplication de ces interdits, le tournoi reste l’activité la plus prisée par les chevaliers qui peuvent y montrer leur force et leur endurance. La chevalerie française, qui collectionne les victoires en tournoi comme sur les champs de bataille ne conçoit pas de mettre un terme à cet « art de vivre »

Dans l’ardeur de la lutte, les chevaliers et les écuyers n’étaient plus maîtres d’eux-mêmes. Excités par la vue et par les applaudissements des dames, ils se laissaient emporter par l’ardeur et par la passion de vaincre, et souvent faisaient tous leurs efforts pour renverser leur adversaire, de quelque manière que ce fut, de sorte que quelquefois les tournois dégénéraient et devenaient de véritables combats, assez meurtriers pour que l’Église essayât, par ses défenses, de les arrêter ; mais elle ne put y parvenir.

Le tournoi de Corbie

Le lieu et les participants

A Corbie, un de ces tournois fut organisé en juillet de l’année 1234.

Tournoi qui vit malheureusement trépassé quelques chevaliers.

Mahaud de Dammartin, comtesse de Clermont et de Boulogne, mourait d’envie de voir combattre le comte de Hollande, un dénommé Florent IV, célèbre par la gloire qu’il avait acquise dans différents tournois. On disait de lui qu’il était “le mieux fait et le plus adroit chevalier

Elle engagea son mari, Philippe de Clermont dit « Hurepel » ou encore  le “Hérissé “ , comte de Clermont et comte de Boulogne, d’Aumale et de Dammartin, et fils “illégitime” de Philippe II Auguste, roi de France, a donner un tournoi et à le faire annoncer dans les pays du comte

C’est son frère qui monta sur le trône en 1223 Louis VIII (le lion), juste avant Louis IX (Saint Louis), roi depuis 1226

Philippe_Hurepel

Philippe Hurepel

 

Le champ de bataille fut indiqué à Corbie.

Les chevaliers qui devaient entrer en lice dans ce tournoi, arrivèrent à Corbie 4 jours auparavant, durant ces jours leurs écus armoriés furent exposés en public.

Blason de Philippe Hurepel

Blason de Philippe Hurepel

 

Blason maison de Clèves

Blason maison de Clèves

Blason Florent de hollande

Blason Florent de hollande

 

 

 

La fête fut annoncée au bruit des fanfares par les hérauts. Les juges furent les rois d’armes.

Florent IV arriva à Corbie en équipage magnifique avec le comte Thierry V de Clèves et un grand nombre de chevaliers “Allemans”.

Florent Comte de Hollande était âgé d’à peine 24 ans, il est né le 24 juin 1210.

 

 

Florent_IV_de_Hollande

 

 

 

Diederik_VI_(IV)

Thierry V de Clèves

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’équipe opposée, le seigneur de Nesle s’y rendit également avec l’élite de la noblesse de France, ceux-ci devaient être les assaillants.

Les lances des chevaliers étaient sans fer et les épées sans taillant et sans pointe, malgré ces précautions, il n’était rare qu’il n’y arriva quelque malheur.

Les combats

On sonna la charge et les intrépides preux en vinrent aux mains.

Le comte et la comtesse de Clermont considéraient le combat du haut d’une tour.

Durant les combats du 19 juillet 1234, Mathilde n’avait des yeux que pour le comte d’Hollande dont elle relevait tous les coups avec les plus beaux éloges, mais son mari en prit des soupçons, et, dans un mouvement d’impatience, il dit à la comtesse :

« Je vois bien que vous êtes éprise d’amour pour le comte, eh bien, je
vous jure que celui qui porte la bannière d’or au lion de gueule ne sera
plus en vie au soir. » blason florent IV de hollande

Aussitôt, il alla endosser le harnois,  entra en lice, et, trouva du soutiens auprès du seigneur de Nesle et les autres françois, il assaillit le comte de Hollande, Florent croyant la suite des jeux dans l’arène se laissa tranquillement enfermer dans un coin,

florent 4 de hollande

Philippe en profita : il lui assomma un coup à la tête et le perça de sa lance, Florent se trouva ainsi renversé mort sur la place.

Aussitôt, le Comte de Clèves et les chevaliers allemands tombèrent sur Philippe et le mirent aussi sur le carreau, afin de vengé leur frère d’armes,

Il est dit également que Robert de Boves et quelques autres chevaliers périrent dans la même action.

La comtesse Mathilde (ou Mahaut) en mourut de chagrin peu de temps après, en 1259, mais avant, Blanche de Castille, alors régente de France mère de Saint Louis et belle sœur de Philippe, la maria en 1235 à un de ses neveux le futur roi Alphonse III de Portugal.

Philippe Hurepel de Clermont  et Mahaud de Damartin

Philippe Hurepel de Clermont et Mahaud de Damartin

 

Le corps du comte de Hollande fut transporté au monastère de Rynsbourg, où il fut déposé.

Jean de Beka, chanoine d’Utrecht, ajoute que le seigneur de Nesle, complice de la mort du comte, fit la paix avec Othon, évêque d’Utrecht, frère du défunt, à condition qu’il ferait bâtir une église collégiale dans le lieu où Florent avait été tué,

Mais il n’y a point d’apparence qu’il ait exécuté sa promesse, puisqu’il n’y a jamais eu à Corbie que 2 églises collégiales :

 

 

 

Philippe, dit Hurepel

extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855