Le mémorial de Villers-Bretonneux – Fouilloy est un lieu de mémoire de la première guerre mondiale. Il est dédié à tous les morts australiens sur le front occidental lors de la guerre 1914-1918.

Retrouvez ici l’article de présentation du mémorial, et ici le déroulement de l’inauguration du mémorial Australien à Fouilloy

Voici les discours prononcés lors du l’inauguration, le 2 juillet 1938, du mémorial de Fouilloy- Villers Bretonneux par le Roi d’Angleterre, le président Français et le premier ministre australien :

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Discours du roi d’Angleterre à l’inauguration du mémorial de Fouilloy – Villers Bretonneux

roi Angletterre Georges VI

roi Angleterre George VI

C’est pour moi un grand privilège d’inaugurer ce noble monument et; au nom de l‘Australie, de saluer la présence parmi nous du président de la République française, le chef du grand peuple sur le sol duquel nous nous trouvons aujourd’hui, et auquel les événements que nous commémorons nous ont attachés par des liens que le cours des ans ne saurait affaiblir.

Ce monument porte une inscription elle nous rappelle, à nous et à tous ceux gui visiteront cette colline dans les années à venir, qu’il perpétue la mémoire des forces impériales australiennes en France et dans les Flandres et de 11.000 de leurs hommes qui, tombés en France, sont restés sans sépulture.

Mais il faut voir dans ces pierres, comme dans le sacrifice qu’elles commémorent, une signification plus profonde, plus large. Ce que nous voyons devant nous c’est plus qu’un hommage au courage éclatant d’une armée splendide c’est également un symbole qui marque les premiers pas dans l’histoire d’une jeune et vigoureuse nation c’est la voûte sous laquelle Australie est passée de la jeunesse a la plénitude de sa force.

Il y a cent cinquante ans, une nouvelle terre promise, une terre de paix s’est révélée à nos ancêtres sur e vaste continent de l’Australie avec la marche du temps, les colons profitant des dons de la nature, cette terre a tenu sa promesse, et la prospérité -en cet âge d’or- semblait être devenue droit de naissance pour chaque Australien et chaque Australienne. La paix et la prospérité régnaient sur cette terre. Bien que l’union se fût faite par la Fédération, il n’y avait eu aucune épreuve extérieure pouvant souder ensemble ce peuple, afin de permettre à l’Australie de prendre ta place qui est sienne dans la communauté des nations.

En 1914, vint l’appel l’épreuve fut subie. La réponse de l‘Australie fut catégorique et nette. Sa chevalerie s’élança a en Europe, et, avant que ne s écoulassent les quatre longues années de la guerre, pas moins de cinq divisions de ses soldats-citoyens étaient en ligne sur les divers fronts.

A Gallipoli, ils gagnèrent leurs éperons. Dorénavant, Ils étaient des vétérans leur valeur s’imposant à leurs amis et à leurs ennemis. La liste, longue et glorieuse, de leurs hauts faits n’offre rien de plus éclatant que celui eut unit leur nom au nom de Villers-Bretonneux. A eux échut la tâche, en avril 1918, de reprendre le bourg, point stratégique vital.  L’Anzac day (jour de leur fête nationale), ils accomplissent cette tâche, et, quatre mots plus tard, ce fut de ce point qu’ils entreprirent leur marche en avant victorieuse et à jamais mémorable.

Cette crête, où nous sommes, a vit ces combats acharnés, le monument qui la couronne les commémorera jusqu’à la fin des temps.

Il n’est pas jusqu’à ce cadre qui ne symbolise cette camaraderie qui est le mot d’ordre de notre Empire Britannique car ce monument surveille une terre sainte, sous le sol de laquelle, consacré à Dieu et de leur glorieuse mémoire, reposent des hommes venus de tous les coins de la terre se battre pour des idéals communs à tout l’Empire. Ils dorment en paix sur eux, la tour de l’Australie assure veille et protection.

Il est bien qu’il en soit ainsi, et moi, votre roi, je ressens une fierté et aussi la plus profonde et reconnaissante vénération pour ceux dont la dernière demeure est confiée à sa garde.

Discours président Français à l’inauguration du mémorial de Fouilloy – Villers Bretonneux

Le discours du président français Répondant au discours du Roi, M. Albert Lebrun s’est exprima en ces termes.

 

Albert LEBRUN président Français

Albert LEBRUN président Français

Sire, Madame, Messieurs,

 

Le grand honneur m’est dévolu pour ta troisième fois d’apporter le salut de la France devant un monument destiné à commémorer dans l’histoire l’héroïsme des fils de l’Empire britannique morts glorieusement sur notre sol.

C’était d’abord en 1932, à Thiepval, dont on pourrait presque apercevoir d’ici le promontoire.

Là, dans un geste dont nous lui gardons une gratitude infinie, la Grande-Bretagne a tenu à associer nos deux pays dans la gloire d’un même mémorial pour célébrer l’unité de sacrifice des soldats de nos deux armées tombés côte à côte au cours de tant de sévères combats.

Ce fut ensuite, il y a deux ans, à Vimy, sur cette crête désormais historique, où nos deux nations inauguraient, en présence des représentants fin gouvernement d’Ottawa, le monument élevé par la sollicitude du peuple canadien en souvenir de ses fils disparus loin du sol natal.

Et voici aujourd’hui nous nous trouvons groupés sur ce plateau fameux du Santerre en vue de glorifier l’admirable « Australian New-Zealand Army Corps », ces irrésistibles « Anzacs », de la 4° armée britannique qui, en avril, mai, juillet et août 1918, prirent aux opérations devant Amiens une part si active, faisant 22.000 prisonniers, s’emparant d’un matériel de guerre considérable et laissant vingt mille des leurs sur le champ de bataille.

Vingt années se sont écoulées depuis, les blés grandissent à nouveau sur cette terre arrosée de sang les arbres, meurtris par les obus, ont repoussé des rejets vigoureux l’herbe martyrisée a reverdi dans les prairies.

Devant l’indifférence des choses, il était juste de rappeler à la mémoire des hommes te martyre héroïque de tous ces soldats venus de Queensland, de Victoria, de la Nouvelle-Galles du Sud, de la Nouvelle-Zélande, apporter leur concours désintéresse et mourir pour la liberté et le droit.

Le pèlerinage que nous venons de faire entre la double rangée de leurs tombes jusqu’au temple qui les domine nous émeut au plus profond de nous-mêmes.

Inclinons-nous devant cette tour qui dresse sa chapelle votive vers le ciel en un geste de supplication, comme pour l’offrir aux regards tes plus lointains du voyageur.

Parcourons des yeux sur ces longues murailles les noms des jeunes héros à jamais disparus, et rendons-leur un culte que les années qui passent ne sauraient laisser tomber dans l’oubli.

Il est doux au chef de l’État français de se trouver aux côtés de Vos Majestés dans cette émouvante cérémonie, réuni à elles dans un même geste de pieux hommage.

Il lui est agréable, Sir, de vous saluer ici, vous qui furent bercées sur les vastes mers et dans les airs, non seulement par le mugissement des flots et le grondement du vent mais aussi par l’éclatement des obus et les bruits de la bataille, vous dont la jeune vaillance s’est formée au contact de la plus terrible des guerres.

Nous sommes particulièrement sensibles, au souci qu’a eu Votre Majesté de faire coïncider sa première visite en France avec l’inauguration de ce monument. En associant à la commémoration d’aujourd’hui le chef de l’État français, le gouvernement australien a tenu à marquer une fois de plus l’entente étroite de nos deux grandes démocraties sur la terre de leurs exploits.

Il a aussi voulu leur rappeler que leur Union sur les champs de bataille a été la sauvegarde de leur indépendance et de leur liberté.

« L’amitié des deux peuples, disiez-vous naguère, Sire, et la communauté de leur idéal de justice constituent la meilleure garantie de la paix du monde. »

Cette affirmation, renouvelée hier au cours des fêtes dont l’écho n’est pas près de disparaitre, garde aux heures troubles du temps présent son actualité et sa force.

Puisse-t-elle retentir dans nos deux nations comme un guide dans l’action et un appel à la confiance qu’il me soit permis, au nom du gouvernement de la République et de la France tout entière, de remercier à nouveau Vos Majestés d’avoir fait à notre pays l’honneur de leur auguste visité. Il en gardera un souvenir profond et durable.

En ces lieux ou jadis luttèrent les vaillantes armées australiennes, britanniques et françaises et où se formèrent entre elles, dans la vie et dans la mort, d’indissolubles liens, je remercie dans la personne de messieurs les ministres australiens le gouvernement dont l’heureuse initiative a permis, sur cette parcelle de terre française devenue australienne, l’édification d’un monument qu’à travers les siècles nos compatriotes entoureront de leur sollicitude attentive.

Aux centaines de pèlerins qui ont traversé les océans pour venir se recueillir sur le sol où eux-mêmes et leurs frères ont combattu naguère, j’adresse l’expression fervente de la sympathie et de l’affection de notre pays. En inscrivant sur ses murs les noms de « Victoria » et de « Melbourne », le village de Villers-Bretonneux s’est fait le fidèle interprète de la pensée française.

Discours de Sir Earle Page à l’inauguration du mémorial de Fouilloy / Villers-Bretonneux

Sir Earle Page, qui représente le premier ministre d’Australie, prononce à son tour quelques mots

 

Earle Christmas Grafton Page

Earle Christmas Grafton PAGE premier ministre Australien en 1938

Le devoir m’échoit, dit-il, de remercier Votre Majesté d’avoir officié à une cérémonie sur laquelle se concentre aujourd’hui toute la pensée de l’Australie.

 

Ce monument a été érigé dans ces vertes campagnes pour commémorer un sacrifice national.

C’est l’expression matérielle des sentiments les plus profonds du peuple australien. Il constitue un symbole permanent de l’immense gratitude que ceux de leur génération qui sont encore en vie, et des générations qui leur succèdent, nourrissent pour les hommes et les femmes qui se sont sacrifiés pour les idéals sur lesquels est fondé l‘Empire.

Mais il y a quelque chose de plus que la reconnaissance, plus que l’admiration, plus que le regret. Ce monument incarne l’amour, l’affection, l’hommage du peuple australien.

Ce cadre, aujourd’hui, est tout, de tranquillité et de paix. Il est impossible à ceux qui n’ont pas servi de s’imaginer qu’ici le carnage fut grand, la bataille terrible.

Ceux qui sont morts nous en pensons aujourd’hui comme pères, et fils et frères comme des hommes que nous avons connus dans leurs foyers, lettre jardins, leurs bureaux, attachés aux travaux de la paix auxquels nous croyons, eux et nous, qu’était voué notre destin.

Il est plus conforme à la mentalité australienne que nous leur fassions hommage aujourd’hui en tant qu’hommes de paix, destinés à périr par la guerre.

Leur propre pays resté indemne de toute cicatrice de guerre ou de conflit dans le cours de sa tranquille histoire ces hommes ont apporté la preuve qu’ils étaient prêts à sacrifier la vie même pour leurs semblables et pour les idéale qui leur furent chers.

–> Retrouvez la vidéo de l’inauguration ici <–